Arrêter un traitement, ce n’est pas une opinion

Arrêter un traitement, ce n’est pas une opinion

Message d’intérêt public : une ligne rouge à ne pas franchir

Petit message d’intérêt public : ne conseillez JAMAIS à une personne d’arrêter un traitement médical si vous n’êtes pas son/sa soignant.e ET que vous ne connaissez pas le dossier médical de la personne.

Même si vous pensez bien connaître ladite personne.

Même si vous avez les meilleures intentions du monde.

Même si vous pensez avec certitude que le traitement médical en question n’est pas utile.

Vous n’êtes pas médecin. (Si vous l’êtes, j’ose croire que vous ne prodiguez pas de conseils médicaux foireux sans anamnèse au minimum.) Vous ne savez pas pourquoi la personne prend tel ou tel médicament. Vous ignorez les conséquences d’un arrêt brutal de traitement. Vous pensez bien faire mais vous pouvez plonger vos proches dans un précipice sans fond.

Les faux raisonnements qui mènent à de vraies violences

Peut-être êtes-vous choqué.e par le nombre de médicaments qu’une personne avale quotidiennement. Et peut-être vous dites-vous qu’à part nourrir l’industrie pharmaceutique, ça ne sert pas à grand-chose. Surtout si, en plus, vous constatez que la personne ne semble pas aller super bien. Après tout pourquoi payer pour des médocs si ça ne résout pas tout ?

Mon corps, mon histoire, mes traitements

Alors, je vais prendre mon exemple. Je ne suis évidemment pas une généralité. Mais, je pense que ça peut éclairer un peu mon propos, si tant est que vous en avez besoin.

Pour ma part, donc, je prends plusieurs médicaments chaque jour. Si je prenais tout ce que je suis sensée prendre, je prendrais 19 gélules/pilules/comprimés par jour. Par facilité de langage, j’utiliserai le mot « pilule » comme terme générique pour toutes les formes de médication que je prends.

La nécessité de chaque médicament a été objectivée par des examens médicaux précis et détaillés. Ces examens ont eu un coût mais ont permis de comprendre en détail ce qui se joue dans mon corps. Et ça m’a donné des réponses à des questions restées jusqu’ici sans réponse, à cause d’un retard de diagnostic de parfois plus de 20 ans. Et d’affiner les traitements divers et variés qui m’avaient été prescrits depuis l’enfance pour tenter de résoudre mes problèmes de santé.

Un traitement, ce n’est pas une poignée de pilules jetées au hasard

L’ensemble de ce traitement a été réfléchi aussi bien au niveau individuel (la nécessité et les risques de chaque molécule) qu’au niveau collectif (les interactions possibles positives ou négatives desdites molécules). C’est ainsi qu’on a fixé un calendrier précis de prises, avec des horaires à respecter pour maximiser les effets désirables des uns sur les autres d’une part (permettant même de diminuer le nombre de médicaments), et minimiser les effets indésirables d’autre part.

La réalité matérielle : choisir entre souffrir et travailler

Et l’ensemble de ces traitements me coûtent la bagatelle de +/- 450 euros par mois (après intervention de la mutuelle). Mais, je n’ai pas (plus) ces sommes. Il m’a donc fallu réfléchir avec ma médecin à ce que je devais prioriser pour me permettre de travailler quand même. Je descends actuellement à 6 pilules chaque jour (4 médicaments différents). Avec ça, certes, j’ai toujours des douleurs diffuses partout dans mon corps, et je ressens une fatigue constante. Mais, je suis capable de travailler. Et donc de gagner un salaire qui permet de loger et nourrir ma famille. Cela me coûte un peu moins de 200 euros par mois. Et m’oblige désormais à me rendre en France chaque mois pour acheter deux médicaments car la Belgique a décidé de ne plus les vendre. (Ça fera l’objet d’un autre long poste un de ces jours, d’ailleurs).

Les traumas ne rendent pas plus fort.es

C’est beaucoup d’argent. Mais, c’est le prix à payer pour fonctionner. Parce que les traumas répétés durant l’enfance, ça ne rend pas « plus fort.e » comme croient certain.e.s. Ça rend plus fragile. Et ça oblige les personnes à des traitements parfois à vie. C’est mon cas.

Avec traitement / sans traitement : deux réalités corporelles

J’ai expérimenté comment je me sens dans mon corps avec les traitements complets. C’est parfois pesant de penser à prendre chaque pilule mais ça en vaut tellement la peine : je retrouve de l’énergie et mon appétit (tout en perdant du poids), mes douleurs s’amenuisent (j’ai même vécu une journée bénie sans douleur, ce qui ne m’était plus arrivée depuis…. Bien avant mes 15 ans !). Ça fait un bien fou.

Mais, j’ai aussi expérimenté comment mon corps se sent désormais sans aucun traitement : je passe mes journées clouée au lit, tordue de douleurs, je me sens épuisée même après avoir dormi 48 heures sans pause, je n’arrive à rester active qu’une ou deux heures par jour. Je pleure constamment. Et les pensées suicidaires ne tardent évidemment pas à revenir me hanter.

Ce n’est pas un luxe, c’est un investissement vital

Ces 200 euros mensuels de chimie moderne sont les meilleurs investissements que je puisse faire pour moi-même mais aussi pour ma famille, et surtout mes enfants.

Après avoir lu tout ça, pensez-vous sérieusement que je pourrais faire l’économie de ces 200 euros si j’avais des soucis d’argent ?

Quand les conseils tuent en silence

Je pourrais donner d’autres exemples, de personnes autour de moi, que j’ai vu dépérir et se mettre en danger après avoir suivi des conseils stupidement naïfs d’arrêter l’un ou l’autre traitement. Surtout lorsque ces traitements concernent des traitements de santé mentale.

Personnellement, j’ai assez de recul et je suis accompagnée par une médecin en or à qui je peux poser toutes mes questions et réfléchir à tout ça. Je peux donc facilement écarter ces conseils non sollicités (mais non sans colère). En revanche, ce n’est pas toujours le cas de tout le monde. Surtout dans un contexte de désert médical.

Arrêter un traitement, ce n’est pas une opinion, c’est une mise en danger !

Alors, je ne peux que réitérer mon commentaire d’introduction : ne conseillez JAMAIS à une personne d’arrêter un traitement médical si vous n’êtes pas son/sa soignant.e ET que vous ne connaissez pas le dossier médical de la personne.

Tayiam

Arrêter un traitement

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