Vous vous souvenez de ces étés, passés au Maroc.
Le trajet en voiture était long. Mais, c’était paradoxalement la partie la plus palpitante des vacances.
En voiture, pas de viol. Pas de violences non plus. Des chansons. Le bercement du moteur. Le temps de silence demandé par les parents qui justifiait toutes les lectures.
Puis, après 5 jours à voir l’autoroute défiler, vous approchiez du bateau. Un immense paquebot qui reliait l’Espagne et le Maroc.
Là, passées les heures de file pour atteindre le sacro-saint navire, vous entriez dans le luxe. Le sol était recouvert de moquette rouge sombre.
Vous étiez libre de vaquer à vos occupations. De visiter le bateau.
Vous vous enivriez des sensations de tangage. Comme c’était bon. Ce moment hors du temps où vous étiez libre et heureuse, vos sens en ébullition à cause des mouvements saccadés de l’eau.
Vous vous émerveilliez devant les boutiques qui regorgeaient de jouets et autres babioles qui vous faisaient tant rêver.
Parfois même, vous aviez le luxe de prendre votre repas sur le navire.
Le reste du temps, vous le passiez à vous perdre dans le roulement des vagues, sur le pont du paquebot, à admirer cette force de la nature. Ce mouvement infini de la mer qui vous hypnotisait. Bientôt, cependant, vous aperceviez les montagnes marocaines. Le rêve prenait fin. Vous retourniez dans la voiture, en attendant de quitter le bateau puis le port afin d’arriver dans la ville où vous passeriez l’essentiel de votre temps enfermée dans une maison dans les hauteurs de Tétouan, à rêver du trajet retour.