Mal-être

TW : souffrance, mal-être, mort

Vous sentez une énorme boule dans votre gorge. Vous savez que vous avez besoin de pleurer. Mais, rien ne vient.

Vous avez mal. Tout votre être hurle de mal.

Vous êtes, cependant, incapable de sentir d’où vient cette douleur. Elle est diffuse. Nulle part et partout en même temps.

Soudain, l’émotion explose.

Vous hurlez à l’intérieur de vous. Vos larmes roulent sur vos joues.

De loin, vous semblez calme. Seulement en train de vaguement pleurer.

Mais, au-dedans, c’est la tempête. Plus rien n’a de sens. La douleur est trop forte. Trop intense. Et inlocalisable en même temps.

Vous enfoncez vos ongles dans votre peau.

Ca fait infiniment moins mal que cette douleur qui vous tenaille. Mais au moins, vous pouvez la localiser et vous concentrer dessus.

Vos ongles s’enfoncent encore et encore jusqu’à ce que la douleur disparaissent. Alors, vous bougez vos ongles pour qu’ils s’enfoncent dans une nouvelle zone, encore sensible.

Vous sanglotez, incapable de reprendre votre souffle.

Toute cette souffrance est tellement intense… Elle ne disparaitra jamais. Il n’y a aucun moyen de la faire partir.

Alors, c’est vous qui souhaitez disparaître.

Vous voulez que ça se termine.

Vous voulez être morte.

Vous n’avez aucune envie de vous donner la mort, non. Ce n’est pas vraiment ça. Vous avez juste l’envie irrépressible de mourir pour mettre fin à toute cette souffrance indicible qui ne pourra jamais être apaisée.

Votre coeur semble sur le point d’exploser. Votre mâchoire se crispe de plus en plus. Votre corps est secoué de sanglots. S’il y avait un mur devant vous, vous taperiez votre tête dessus. Pour que cesse tout ça.

Mais, vous êtes au milieu de votre chambre dans laquelle vous vous êtes réfugiée. 

Vous vous allongez sur le matelas, à travers la couette, avant de vous recroqueviller de douleur. 

Vous enfoncez votre visage dans les draps pour hurler de tout votre soul sans que personne ne vous entende pendant que vos ongles s’enfoncent encore et encore dans vos bras.

Vous n’avez plus aucune notion du temps.

Vous sentez seulement que l’épuisement prend doucement le dessus sur la douleur.

Vous vous apercevez qu’elle se fait moins intense. Elle est toujours là, tapie dans le creux de vous, mais elle ne prend plus toute la place.

Vous pleurez encore, sans sanglots. Juste des larmes qui coulent dans le silence de votre isolement.

Personne ne pourra jamais comprendre ce que vous traversez.

Vous avez tout pour être heureuse aujourd’hui. Et pourtant, la douleur du passé ressurgit de temps en temps et vous assaille. A l’occasion d’une dispute de couple ou d’un petit tracas de la vie quotidienne.

Vos proches doivent vous prendre pour une folle. Ou une diva qui s’accorde trop d’importance.

Vous ignorez ce qu’ils pensent de vous. Vous aimeriez tellement leur faire comprendre. Au lieu de quoi, vous disparaissez un peu.
Quand vous vous sentez mieux, vous dites simplement que vous avez été un peu mal, niveau moral, mais rien de grave.

Comment expliquez aux autres ce que vous ne comprenez pas vous-même ?
Comment leur dire que vous avez eu intensément envie de mourir ?

Comment, surtout, leur dire que vous avez vécu ce tsunami parce que vos filles n’ont pas rangé leur chambre ? Ou parce que votre mari a dit une boutade qui vous a blessée ? C’est tellement absurde ! Tellement disproportionné.

Alors, vous gardez ça pour vous.

A l’extérieur, vous ne montrez que les belles choses, les bons côtés. Vos sourires, vos rires.

La plupart des gens pensent d’ailleurs que vous allez bien.

Vous avez réussi à doser la quantité d’apparitions extérieures. Juste ce qu’il faut pour ne montrer que le joli. Mais, pas assez pour être capable de reprendre une vie normale.

Quand l’émotion s’apaise enfin, vous restez épuisée dans votre corps trop lourd. Vous vous contentez de regarder une bête série ou de jouer à World of Warcraft. Pour vous anesthésier le cerveau.

Et vous sentez grandir ce sentiment d’injustice profond :  celle et ceux qui vous ont fait « ça » ne paieront peut-être jamais pour tout le mal qu’ils vous ont fait. Sans doute même qu’ils vivent leur plus belle vie, présentement, loin de toute la souffrance qu’ils ont pu infliger et des conséquences de leurs actes.

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