Je veux tout savoir. Dans les moindres détails.
Je veux savoir qui. Quand. Combien. Comment.
Ne pas savoir me rend malade. Je pleure. Je souffre. J’ai mal dans mon corps. Cette douleur s’arrêtera quand je saurai. Quand je saurai tout. Jusqu’au moindre détail. La couleur des murs, les vêtements que je portais, l’odeur de la pièce. Tout.
Je veux me souvenir si j’ai eu mal. Par quelle partie de mon corps on m’a salie.
Je veux comprendre pourquoi on m’a fait tant de mal.
Je ne trouverai jamais la paix tant que je ne saurai pas tout.
Jamais.
Voilà ce qui m’a porté ces derniers mois.
Et puis, un matin, je me suis réveillée avec une sorte de sérénité au fond de mon coeur. Je ne sais pas tout. Je ne saurai jamais tout.
Mais, ce que je sais est suffisant pour me conférer à moi-même le statut de victime. Et ce statut est la base du travail thérapeutique que j’entame.
Je sais des choses terribles. Ignobles. Monstrueuses.
Mais, je sais aussi que ce n’est pas moi. C’est une partie de mon histoire. Mais, la monstruosité ne me définit pas. Ce qui me définit, c’est ce que j’en fais.