Aujourd’hui, j’aimerais fêter ma merveilleuse maman.
Pas ma génitrice. Non.
Celle que je me suis inventée. Celle que je me suis construite. Celle que je me suis imaginée.
Celle sans qui je ne serais probablement pas aussi équilibrée.
Ma maman à moi, la « Maman-Tayiam » qui a protégé la petite Tayiam, c’est celle qui prend soin de mes enfants aujourd’hui. C’est celle qui leur donne tout l’amour qu’elles méritent.
Et je me rends compte qu’elle m’a aussi donné tout l’amour que je méritais.
Cette maman-là me berçait de mots doux, sous les draps de mon lit dans lesquels je m’enfouissais en voulant désespérément mourir. Elle me répétait ces mantras que je continue à me répéter.
« Tu es forte. Tu vas y arriver. Il/elle a tort. C’est injuste ce qui arrive maintenant, mais je ferai tout pour rétablir la Justice quand je le pourrai. »
C’est elle aussi qui me dictait comment prendre soin de ma génitrice. Elle qui lui trouvait mille excuses.
« Elle est malade. Elle t’aime à sa manière, tu sais. Si elle n’est pas géniale, c’est à cause de telle personne. Ou telle autre. Ta maman est merveilleuse. Fais-lui confiance ! »
Je lui en veux un peu pour ça. Et en même temps, ça m’a permis de maintenir longtemps l’illusion que tout allait bien. Que tout était normal.
Aujourd’hui, je me sens comme la plus vieille de la famille. La matriarche. Il n’y a plus d’adultes pour veiller sur moi. Mon père est mort. Ma marraine aussi. Ma génitrice n’a jamais été digne de ce rôle.
Il ne me reste plus que moi. Et ma « Maman-Tayiam » au fond de moi.
C’est glaçant, ce vide. C’est effrayant. Serais-je à la hauteur ?
Mais, en réalité, il est inutile que je me pose la question. Parce que, quelle que soit la réponse, il n’y aura que moi pour affronter les difficultés de ma vie et prendre les décisions. Jamais plus je ne pourrai me reposer sur un adulte qui sait mieux que moi.
Mais, ceci n’est pas tout-à-fait exact. Je ne suis pas seule. Je n’ai plus d’adulte de référence à mes côtés. Mais, j’ai mon compagnon Carouan, qui est présent malgré toutes mes crises, mes angoisses, mes moments pas chouettes. Qui est un père formidable avec nos enfants. Et avec qui je partage la lourde tâche de décider « en tant qu’adulte » pour nos enfants et nous-mêmes.
Une grande partie de ma thérapie de ces derniers mois consiste à faire le deuil de ma génitrice. Ou en tout cas de celle que je pensais qu’elle était.
Mais, je découvre que cette image de mère géniale n’a pas disparu. Elle a seulement repris sa juste place, au creux de moi-même et non plus projetée sur une autre, ma génitrice en l’occurrence.
Je n’ai donc pas à faire le deuil de cette maman-là, de ma Maman-Tayiam. Elle est là, bien vivante. Vaillante. Forte. Elle sait quoi faire (ou fait bien semblant de savoir, en tout cas).
Et toi ? Tu as aussi une « Maman » en toi ? Raconte-moi ! 🙂