Sois forte.
Garde la tête haute.
Personne ne doit savoir.
Souris.
Regarde. Il y a des gens, là devant. Souris.
Ils vont te voir.
Voilà. C’est bien. Continue.
Non ! Tu ne pleureras pas. Tu n’as aucune envie d’expliquer quoi que ce soit à ces gens. Personne ne te croira. Tu sais bien. Rappelle-toi, la dernière fois que tu as parlé.
Souris. Ils croiront que tout va bien.
Allez, courage. Dans quelques minutes, tu seras seule. Tu pourras pleurer. D’ici là, souris. Oublie la douleur. Oublie que ton corps hurle sa souffrance. Souris.
« C’est chouette, en tout cas, Tayiam. Tu respires la joie de vivre. Tu souris toujours. J’aimerais être aussi heureuse que toi. »
Continue de sourire. Ne réponds pas. Ils ne veulent pas savoir. Tu ne veux pas dire. Souris.
Pense au plaisir que tu as, là, maintenant, de ne pas être dans la souffrance. Fais comme si tout allait bien. Donne le change.
« Comme tu es souriante, aujourd’hui Tayiam. C’est gai de te voir ainsi.«
Ca marche. Tu réussis. Continue. Convainc-toi que tu vas bien. Fais comme si ce soir, tu ne rentrais pas en enfer. Profite du plaisir que tu as à être ici. Souris.
Voilà. Tu es seule à présent. Tu sens la peur monter le long de ta gorge. Elle ne sert à rien ta peur. Tu connais le danger. Inutile de te prévenir. Tu sais déjà. Oublie-la, cette peur. Elle ne t’aide pas. Les enfants vont te voir. Ils ont besoin de te voir forte. Ils comptent sur toi.
Sèche tes larmes. Le bus arrive devant la maison. Souris. Souviens-toi des bons moments du jour. Peut-être ne sera-t-il pas là, ce soir.
Sois forte.
Garde la tête haute.
C’est toi qui va gagner, un jour. Je te le promets, Tayiam. Je me le promets. C’est moi qui gagnerai. Un jour.