« On ne change pas. On enfile les costumes d’autres sur soi… »
Cette chanson vous a beaucoup fait pleurer. Vous étiez donc condamnée à ne jamais changer ? A rester cette pauvre enfant incapable de se défendre et subissant les pires atrocités ? Dans votre vie sociale, vous alliez continuer à avoir l’impression de mourir à chaque fois que vous preniez le courage d’adresser la parole à une nouvelle personne ?
« On n’oublie jamais. On a toujours un geste qui rappelle qui on est. Un prince ou un valet… »
En réalité, vous avez beaucoup changé. Et c’est une bonne chose. Vous avez appris à vous défendre, physiquement, verbalement et émotionnellement. Vous avez appris à affronter vos peurs. Vous prenez plaisir à rencontrer l’autre, à faire le premier pas et à sourire aux inconnu.e.s.
Mais, parfois, un geste, un mot, un regard trahit la petite fille que vous étiez, terrifiée par le tourbillon de violence qui l’emportait.
Vous avez enfilé des costumes. Pour affronter cette vie si difficile.
Ces costumes sont parfois devenus vôtres. D’autres ont été rapidement abandonnés, ne vous convenant visiblement pas.
Vous vous êtes posé beaucoup de questions sur ces costumes. Était-ce authentique ? Comment savoir ce qui est vous et ce qui ne l’est pas ?
Mais la réponse vous parait limpide : tout le monde porte un costume. Celui qu’on nous a appris à mettre, à porter, à montrer. Libre à nous de déconstruire les costumes qui ne nous plaisent pas et à les ranger au placard. Libre aussi à nous de s’en créer d’autres, inspirés de celles et ceux que nous admirons.
Oui, vous portez des costumes. Pas ceux des autres. Ceux que vous vous êtres appropriés. Et vous aimez beaucoup ceux qui vous habillent depuis quelques mois.