Ma participation écrite au défi Inktober
J’ai passé ma vie à essayer d’être un modèle.
Un modèle de gentillesse. Un modèle de vertu.
Une jeune fille modèle qui étudie. Qui travaille. Qui range et nettoie sa maison.
J’ai été le meilleur modèle d’enfant qu’une mère puisse espérer avoir : serviable, gentille, obéissante, disponible, niaise…
Mais, malgré tous mes efforts, je n’ai jamais réussi à être LE modèle qui m’aurait permis d’être aimée de ma mère.
Pourtant, j’ai essayé.
Dès mon plus jeune âge, j’écoutais ses longs discours monocordes durant lesquels elle me parlait de sa vie et de ses angoisses existentielles. J’étais son journal intime vivant. D’autant plus intéressant que je répondais et lui proposais des pistes de réflexions et d’actions qu’elle suivait parfois.
J’ai été la première de classe : celle qui réussit tout sans se poser de question. Celle dont les professeurs ne tarissent pas d’éloges.
J’ai tenté d’être la dernière de classe : celle qui redouble son année. Oh, cette partie-là n’était pas consciente. Mais, objectivement, je n’ai rien glandé, niveau scolaire, me contentant du minimum. Et je crois qu’une part de moi voulait juste attirer son attention, un peu. Une autre part de moi tentait aussi de survivre bon gré mal gré entre les violences incessantes qui me bombardaient de toute part.
J’ai été la jeune fille qui faisait des tonnes de régimes, efficaces. Et qui recevait de la crème glacée en récompense.
J’ai été la jeune fille qui s’en fout des régimes et qui grossissait.
J’ai été la jeune fille qui tenait la maison : ménage, course, cuisine, devoirs et bains des enfants…
J’ai été indispensable à la survie de ma famille.
Mais, rien, jamais, n’a été suffisant pour mériter un peu d’amour. Ni même un peu de respect.